Premier Triangle de Weimar social-démocrate à Varsovie : un rapprochement malgré les divergences

Des élu.es socialistes et sociaux-démocrates et des expert.es venus de Pologne, d’Allemagne et de France se sont réunis pour la première fois les 21 et 22 septembre à Varsovie. L’objectif : échanger sur les grands défis actuels en matière de politique intérieure, étrangère et économique. Inspiré du format historique du Triangle de Weimar (créé en 1991 entre l’Allemagne, la France et la Pologne), ce nouveau forum transpose son esprit de coopération transfrontalière dans un cadre progressiste, porté par la FES.

Organisé à l’initiative des bureaux de la FES à Paris et à Varsovie, ce premier forum a suscité un vif intérêt autour d’une évaluation commune de la situation politique actuelle. Les débats ont porté sur la démocratie et l’État de droit, la sécurité et la défense européenne, le soutien à l’Ukraine, ainsi que sur une politique énergétique et industrielle plus juste socialement. L’objectif est clair : mieux comprendre les positions respectives et élaborer des réponses communes pour nourrir le débat national et européen de perspectives progressistes.

Les divergences de perception face à la guerre d’agression de la Russie sont apparues particulièrement marquées. En raison de sa proximité géographique avec la Russie et l’Ukraine, la Pologne se sent menacée plus directement que la France ou l’Allemagne. Mais les pays d’Europe de l’Ouest sont eux aussi de plus en plus confrontés à des attaques hybrides visant leurs infrastructures numériques et critiques.

Les participants ont unanimement plaidé pour un soutien sans faille à l’Ukraine – financier, militaire, mais aussi pour sa future reconstruction. Tous ont convenu que la réponse sociale-démocrate à l’agression russe devait être claire et ferme : la sécurité de l’Europe ne saurait être subordonnée aux intérêts particuliers de certains États. Les forces progressistes doivent s’employer activement à protéger la politique européenne de toute influence russe, directe ou indirecte, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à l’Europe – par la coopération en matière de défense, la protection de l’espace numérique et la sécurité des chaînes d’approvisionnement, notamment en médicaments.

Dans les trois pays – Pologne, Allemagne et France –, la montée des forces populistes et antidémocratiques est préoccupante. L’exemple polonais illustre la difficulté de rétablir pleinement l’État de droit, même après un changement de majorité. Les sociaux-démocrates doivent donc s’engager résolument pour le renforcement des contre-pouvoirs indépendants et la garantie de la liberté de la presse. La régulation de l’espace numérique appelle également des réponses coordonnées à l’échelle européenne.

Les participants ont souligné la nécessité d’un discours commun face à l’extrême droite, d’une coopération accrue entre États européens, ainsi que d’un engagement renforcé dans l’éducation afin d’ancrer visiblement les valeurs démocratiques et sociales-démocrates dans l’espace public.

Concernant la transformation socio-écologique, ils ont rappelé l’importance de mettre en avant la dimension sociale de la transition énergétique. La protection de l’emploi et des infrastructures sociales doit rester une priorité, tandis que les aides publiques doivent être ciblées. Les secteurs industriels stratégiques – comme l’acier ou l’aluminium – méritent une attention particulière au niveau européen afin de garantir des conditions de concurrence équitables.

Cette rencontre a permis aux élu.es socialistes et sociaux-démocrates français et allemands de nouer des liens plus étroits avec les progressistes polonais. Le forum a vocation à se poursuivre dans les prochaines années et à s’installer comme un format régulier d’échange et de coordination. La FES confirme ainsi son rôle de plateforme de la politique progressiste et de la solidarité européenne.