Samstag, 06.09.2025 - Mittwoch, 10.09.2025 - Paris

Briser la vague de l’extrême droite

Le réseau d’expert·es de la FES sur l’extrême droite réuni à Paris

Pour mettre en lumière la cartographie de la haine, la Fondation Friedrich-Ebert a choisi Paris, cette année, comme lieu de rencontre de son réseau international d’expert·es, avec un accent particulier sur la situation française.

Portée par des méthodes agressives et protéiformes, la menace d’extrême droite est globale

À la mi-septembre, plus de vingt représentant-es du monde académique, de la société civile et de think tanks se sont retrouvés pour confronter leurs analyses venues d’Europe, du Proche-Orient et des États-Unis. Très vite, une évidence s’est imposée : partout, dans chaque démocratie, l’extrême droite avance et gagne du terrain en utilisant des méthodes de plus en plus agressives. Et partout, les forces démocratiques peinent à élaborer des stratégies pour résister à cette offensive.

L’atelier a mis en lumière des réalités glaçantes, comme l’existence de réseaux terroristes transnationaux et l’usage méthodique de l’intelligence artificielle pour inonder les réseaux sociaux de contenus haineux, en particulier antisémites. Les participant-es ont analysé la manière dont l’extrême droite creuse les fractures au sein des sociétés, exploitant tour à tour la politique migratoire ou les questions de sécurité pour imposer son propre récit. Ont également été évoquées les enquêtes ayant permis de déjouer des attentats, mais aussi les nouvelles formes de désinformation hybride, voire de guerre informationnelle, qui brouillent les repères démocratiques.

Enfin, des expert·es ont partagé leurs analyses sur les prochaines élections au Chili, au Brésil ou en Hongrie, et sont revenus sur les scrutins récents en Argentine, aux États-Unis, au Canada, en Finlande ou en Pologne. Autant de terrains où se joue aujourd’hui l’avenir de la démocratie, sous la pression constante de forces extrémistes qui testent sans relâche les failles du système.

La pénétration de l’extrême droite au cœur de nos sociétés appelle la coopération des démocrates du monde entier

Ce n’est plus une nouveauté : après la société civile, ce sont désormais les milieux académiques et même les institutions publiques qui voient leurs marges de manœuvre se réduire. Répressions, intimidations, violences verbales et parfois physiques font désormais partie du quotidien de la vie politique. Aux yeux des expert·es, le plus inquiétant est la pénétration des opinions et des discours antidémocratiques au cœur de nombreuses sociétés, par exemple chez les enseignant-es, les salariés de la classe moyenne ou les agent-es administratif-ves. Trop souvent, les grands médias ne les contestent plus qu’avec grande prudence, contribuant à normaliser des discours qui sapent les fondements mêmes de la démocratie.

Alors qu’un sentiment d’impuissance gagne du terrain chez nombre de citoyen·nes progressistes, les acteurs démocratiques tentent encore de contenir la vague d’extrême droite à l’échelle nationale. Une erreur de perspective : depuis des décennies, l’extrême droite a su tisser des réseaux transnationaux solides. Les flux financiers traversent les frontières, les rencontres se multiplient lors de conférences, de manifestations ou même d’événements culturels. Stratèges électoraux, milliardaires de la tech ou trad wives : tous sont reliés par d’innombrables canaux, en ligne comme sur le terrain.

Analyse de la menace en France à travers l’angle médiatique et syndical

La situation en France a été particulièrement scrutée, alors que le Rassemblement national est devenu la première force politique du pays. Plusieurs expert·es, dont Mathieu Molard, rédacteur en chef du média en ligne StreetPress, ont partagé leurs analyses. Le journaliste a présenté des enquêtes sur des organisations et groupuscules décentralisés qui investissent massivement dans les institutions éducatives et entretiennent des contacts internationaux. Molard a également éclairé le rôle du collectif d’extrême droite Nemesis, devenu un fer de lance de la mouvance identitaire contemporaine.

Pour relier le travail universitaire à la lutte contre l’extrême droite dans la société française, la FES a invité ses partenaires syndicaux de la CFDT, de la CGT et de l’UNSA. De plus en plus de syndicats, en France comme ailleurs, consacrent aujourd’hui des ressources à l’éducation politique et au combat contre l’extrême droite dans le monde du travail. Car c’est dans les entreprises que la réalité devient tangible : campagnes de haine contre les collègues issus de l’immigration, récits complotistes sur la prétendue discrimination des « natifs », diffusion de discours toxiques qui fracturent le quotidien du collectif de travail.

Organiser l’échange, le transfert de savoirs et des systèmes d’alerte face à la progression du potentiel électoral de l’extrême droite est l’un des objectifs centraux de ce réseau, cofondé par la FES en 2002. Né d’un dialogue transatlantique entre l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, il s’est rapidement élargi à l’Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie), à l’Europe du Nord (Danemark, Finlande), ainsi qu’à l’Amérique du Nord et du Sud (Canada, Brésil, Argentine).

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