Entretien avec Nils Schmid, secrétaire d’État aux Affaires étrangères et coprésident du Cercle Stratégique de la Fondation Friedrich-Ebert
Dans quelques jours, des responsables politiques, industriels et chercheurs de haut niveau venus d’Allemagne et de France se retrouveront à l’occasion du 39e Cercle stratégique coorganisé par la FES et l’IRIS. Où en est aujourd’hui la coopération franco-allemande en matière de défense ?
Nils Schmid : Côté français, nous observons actuellement une certaine stabilité institutionnelle, ce qui est essentiel pour la continuité des projets communs. Cette stabilité tient notamment à la longévité du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, en poste depuis un temps désormais significatif. Cela a permis de renforcer la relation de confiance avec Boris Pistorius, seul ministre allemand à avoir conservé ses fonctions après le remaniement. Ce duo offre une continuité précieuse pour approfondir notre coopération bilatérale.
Cela ne saurait toutefois masquer les nombreux défis encore à relever. Y a-t-il, selon vous, des raisons d’être optimiste ?
Oui, il y a des raisons d’espérer. Les projets conjoints ont désormais de meilleures perspectives, et surtout, ils bénéficient de la ferme volonté politique des deux ministres de les mener à bien. Cette détermination est indispensable, car les intérêts industriels restent parfois divergents de part et d’autre du Rhin. Je demeure néanmoins plus réservé sur d’autres aspects de la coopération, notamment en raison de l’incertitude qui plane sur le futur budget français. La souveraineté stratégique de l’Europe dépend fortement des moyens budgétaires qui lui sont alloués, et c’est justement là que les marges de manœuvre françaises apparaissent contraintes.
La France continue d’espérer des avancées en matière de financement européen…
Tant que la CDU conserve une influence politique majeure en Allemagne, il ne faut pas s’attendre à des avancées substantielles sur le front du financement européen, qu’il s’agisse de la sécurité ou de la politique industrielle. Ce désaccord structurel persistera.
Les partenaires français s’interrogent également sur les effets de l’investissement massif que l’Allemagne consacre désormais à ses capacités de défense. À Paris, certains redoutent une dynamique déséquilibrée au détriment de la France. Cette sensibilité est-elle perçue à Berlin ?
Oui, cette préoccupation est bien connue et prise au sérieux. L’Allemagne mobilise effectivement des montants considérables. Cela aura un impact bien plus significatif que les efforts réalisés par certains petits pays de l’OTAN qui tendent vers 3 ou 4 % de leur PIB. En même temps, l’Allemagne répond à une demande constante de ses partenaires européens : qu’elle assume, également sur le plan militaire, les responsabilités qui lui incombent en tant que première puissance économique du continent.
L’Allemagne est-elle prête à investir davantage dans l’industrie de défense de ses partenaires européens ?
Nous sommes confrontés à une tension difficile à résoudre. D’un côté, nous devons agir vite pour renforcer la défense nationale et collective, avec les équipements immédiatement disponibles sur le marché, car la menace russe est bien réelle. De l’autre, nous devons impérativement investir dans des projets industriels européens à long terme, comme les l’avion de combat du futur ou les chars de nouvelle génération. Oui, nous voulons consolider la souveraineté européenne, et cela implique de faire les deux à la fois : l’urgence et la vision stratégique.
On observe récemment un certain rapprochement entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Même si un gouvernement travailliste est probable à Londres, on perçoit une forme de rivalité franco-allemande dans la relation à la Grande-Bretagne. Qu’en pensez-vous ?
Si nous parvenons, à travers la politique de défense française, à créer de nouveaux ponts entre l’UE et le Royaume-Uni, c’est évidemment très positif. Un esprit de concurrence entre États membres serait déplacé dans ce contexte. L’Allemagne a aussi intérêt à renforcer ses liens bilatéraux avec Londres, même si la France bénéficie d’une avance historique grâce aux accords de Lancaster House. Il est vrai que Paris et Londres trouvent plus facilement un terrain d’entente sur les exportations d’armement et la coopération militaire, en raison de leur expérience et de leur culture stratégique communes. Mais le renforcement du partenariat entre l’UE et le Royaume-Uni ne devrait en aucun cas être laissé à l’initiative d’un seul pays.
Un mot sur Berlin et le SPD. En France, le manifeste signé par Rolf Mützenich, Ralf Stegner et d’autres a suscité une certaine perplexité. Faut-il y voir une remise en question de la ligne du parti sur les questions de défense ?
Il ne faut pas surévaluer la portée de ce texte. Il a fait du bruit dans les médias, précisément parce qu’il déroge à la ligne gouvernementale. Mais les votes internes au SPD sur le programme électoral comme sur le contrat de coalition ont démontré un soutien clair au cap fixé par Olaf Scholz et Lars Klingbeil, notamment en ce qui concerne le soutien à l’Ukraine.
En Allemagne et en France, on a l’habitude d’une gauche souvent divisée, notamment au sein des sociauxdémocrates et du Parti socialiste…
En réalité, la SPD mène une discussion qui traverse l’ensemble de la société allemande : comment concilier notre aspiration à la paix avec la brutalité de la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine ? Cette réalité ne peut être balayée par de simples appels à la paix et à la diplomatie. L’Allemagne aussi a pris acte de la nature profondément néo-impérialiste du régime de Vladimir Poutine, qui ne respecte plus les frontières reconnues en Europe et tente de les redessiner par la force. Cela a conduit, au sein même du SPD, à une réévaluation lucide de l’héritage de Willy Brandt : la politique de détente doit toujours être complétée par une capacité crédible de dissuasion.
41 bis, bd. de la Tour-Maubourg 75007 Paris France
+33 (0) 1 45 55 09 96info.france(at)fes.de
Stages et bourses
This site uses third-party website tracking technologies to provide and continually improve our services, and to display advertisements according to users' interests. I agree and may revoke or change my consent at any time with effect for the future.
These technologies are required to activate the core functionality of the website.
This is an self hosted web analytics platform.
Data Purposes
This list represents the purposes of the data collection and processing.
Technologies Used
Data Collected
This list represents all (personal) data that is collected by or through the use of this service.
Legal Basis
In the following the required legal basis for the processing of data is listed.
Retention Period
The retention period is the time span the collected data is saved for the processing purposes. The data needs to be deleted as soon as it is no longer needed for the stated processing purposes.
The data will be deleted as soon as they are no longer needed for the processing purposes.
These technologies enable us to analyse the use of the website in order to measure and improve performance.
This is a video player service.
Processing Company
Google Ireland Limited
Google Building Gordon House, 4 Barrow St, Dublin, D04 E5W5, Ireland
Location of Processing
European Union
Data Recipients
Data Protection Officer of Processing Company
Below you can find the email address of the data protection officer of the processing company.
https://support.google.com/policies/contact/general_privacy_form
Transfer to Third Countries
This service may forward the collected data to a different country. Please note that this service might transfer the data to a country without the required data protection standards. If the data is transferred to the USA, there is a risk that your data can be processed by US authorities, for control and surveillance measures, possibly without legal remedies. Below you can find a list of countries to which the data is being transferred. For more information regarding safeguards please refer to the website provider’s privacy policy or contact the website provider directly.
Worldwide
Click here to read the privacy policy of the data processor
https://policies.google.com/privacy?hl=en
Click here to opt out from this processor across all domains
https://safety.google/privacy/privacy-controls/
Click here to read the cookie policy of the data processor
https://policies.google.com/technologies/cookies?hl=en
Storage Information
Below you can see the longest potential duration for storage on a device, as set when using the cookie method of storage and if there are any other methods used.
This service uses different means of storing information on a user’s device as listed below.
This cookie stores your preferences and other information, in particular preferred language, how many search results you wish to be shown on your page, and whether or not you wish to have Google’s SafeSearch filter turned on.
This cookie measures your bandwidth to determine whether you get the new player interface or the old.
This cookie increments the views counter on the YouTube video.
This is set on pages with embedded YouTube video.
This is a service for displaying video content.
Vimeo LLC
555 West 18th Street, New York, New York 10011, United States of America
United States of America
Privacy(at)vimeo.com
https://vimeo.com/privacy
https://vimeo.com/cookie_policy
This cookie is used in conjunction with a video player. If the visitor is interrupted while viewing video content, the cookie remembers where to start the video when the visitor reloads the video.
An indicator of if the visitor has ever logged in.
Registers a unique ID that is used by Vimeo.
Saves the user's preferences when playing embedded videos from Vimeo.
Set after a user's first upload.
This is an integrated map service.
Gordon House, 4 Barrow St, Dublin 4, Ireland
https://support.google.com/policies/troubleshooter/7575787?hl=en
United States of America,Singapore,Taiwan,Chile
http://www.google.com/intl/de/policies/privacy/